
Il y a des prises de pouvoir qui ne passent jamais par les urnes. Regardez Aïssata, 16 ans, qui, chaque semaine, rameute une centaine de voisins pour replanter des arbres au cœur d’un quartier cerné par le béton. Ou Samuel, 19 ans, qui convainc la mairie de métamorphoser un banal abribus en bibliothèque de rue. À chaque coin de rue, des jeunes écrivent leur propre mode d’emploi de la société, sans attendre l’aval des puissants. Ils n’ont pas le temps pour les longues réunions stériles : ils agissent, ils bousculent, ils s’imposent. Leur âge ? Un détail. Ce qui compte, c’est l’élan, la volonté d’attaquer le réel à bras-le-corps, et de faire la démonstration que l’influence ne se mesure pas en années d’expérience.
Que devient la société quand la jeunesse décide d’arrêter d’attendre patiemment son tour pour prendre place à la table des décisions, et choisit plutôt de tracer sa propre route ?
Pourquoi le leadership des jeunes redéfinit les règles du jeu aujourd’hui
La question du leadership jeunesse n’est plus cantonnée aux marges : dans la gestion des crises mondiales, dans l’élaboration des politiques publiques, jusque dans les stratégies des entreprises et les arcanes de la diplomatie, l’impulsion des jeunes pèse de tout son poids. Leur force ? Mobiliser, fédérer, réinventer. Leur manière de diriger ne ressemble à aucune autre : écoute active, décisions collectives, réseaux agiles. Ils ne jouent pas aux chefs solitaires – ils tissent des alliances, ils ouvrent la porte à la transversalité, ils font bouger les frontières des anciens pouvoirs. On les retrouve à la tête de projets inédits, à l’origine de collectifs capables d’inspirer tout un quartier ou de secouer des structures internationales. Leur influence s’exerce aussi dans leur aptitude à créer des passerelles entre mondes différents, à faire circuler les idées et à bâtir des réseaux solides au service de l’intérêt général.
Partout, la jeunesse s’empare du débat et s’organise pour gagner en autonomie. En France, des groupes de jeunes leaders s’invitent dans les discussions sur les transitions écologiques et sociales. Au Canada, au Kenya, au Kosovo, des programmes de mentorat et de formation misent sur la montée en puissance des jeunes pour transformer en profondeur la façon de diriger. Ces mouvements s’ancrent dans l’idée que chaque jeune, quelle que soit son histoire, doit pouvoir jouer un rôle dans l’élaboration des solutions pour demain.
Regardez du côté de l’Association des leaders de la jeunesse de l’ASEAN. Cette organisation ne se contente pas d’empiler les réunions formelles : elle mise sur le partage d’expériences concrètes, sur des conférences qui brassent les idées, et sur le développement de compétences aussi stratégiques que concrètes. À travers ce genre de réseau, les jeunes leaders élargissent leur horizon, ils dessinent les contours d’une gouvernance plus ouverte, plus réactive, plus fidèle aux enjeux d’un siècle en mutation. Leur force, ce n’est pas seulement de prendre la parole, c’est d’aller sur le terrain, de rassembler autour d’eux des équipes venues d’horizons variés, et de transformer la diversité en puissance collective.
Initiatives inspirantes : quand la jeunesse prend les rênes du changement
Partout sur la planète, la jeunesse se dresse en première ligne du changement. Son moteur ? Faire du développement durable une priorité, pas un slogan. Et sur ce terrain, les jeunes femmes tracent leur sillon avec détermination. En Afrique, des collectifs émergent pour défendre l’accès à l’éducation et à la santé, convaincus que l’émancipation de tous passe par la justice sociale et l’égalité des chances. Pas de grandes déclarations, mais des actions concrètes, visibles et contagieuses.
- En Papouasie-Nouvelle-Guinée, le projet « Girls Leading Change » ouvre les portes de l’école à des jeunes filles, tout en les sensibilisant à l’urgence du changement climatique.
- Au Ghana, des réseaux de mentorat valorisent les jeunes femmes dans les filières sciences et technologies, brisant les plafonds de verre un à un.
- Au Malawi, des collectifs locaux s’attaquent à l’intégration des objectifs de développement durable dans les politiques publiques, avec une ténacité qui force le respect.
La journée internationale de la jeunesse, organisée chaque année à New York, rassemble des délégations venues des quatre coins du globe. Les discussions y sont franches, les enjeux brûlants : comment surmonter la crise post-pandémie, comment combattre les inégalités, comment appliquer de manière pragmatique les ODD des Nations unies. Un conseil consultatif, majoritairement composé de jeunes femmes, oriente les débats et injecte des solutions inédites, issues du terrain, dans les grandes orientations mondiales.
Au fil de la pandémie, la jeunesse n’a pas attendu qu’on lui tende la main. Elle a inventé des passerelles, multiplié les échanges entre générations, rapproché des disciplines que tout opposait. Les uns partagent outils et savoir-faire, d’autres transmettent leur expérience, tous s’inspirent mutuellement et secouent les habitudes. De cette solidarité et de cette circulation des idées naît une société qui ne craint plus la nouveauté, mais l’embrasse. Qui sait ? Peut-être que demain, ce sont ces jeunes-là qui écriront les règles du jeu.